HISTOire

À LA RECHERCHE D’OR

L’or est un métal jaune utilisé pour fabriquer entre autres des bijoux, des pièces de monnaie et des objets d’art. Le seul mot « or » évoque de nombreuses choses, que ce soit les médailles d’or, les tombes égyptiennes gorgées d’or, les pirates avec leurs pièces d’or ou les lingots d’or dans le coffre-fort des banques. C’est devenu un symbole de richesse, de beauté et de pouvoir. L’or a une très grande valeur monétaire : c’est pourquoi, lorsque de grandes quantités d’or ont été découvertes au Yukon, les gens des quatre coins de l’Amérique du Nord s’y sont précipités pour mettre la main sur leur part du gâteau. Il suffisait d’un tout petit peu d’or pour rendre une personne plus riche qu’elle n’en avait besoin pour réaliser ses rêves les plus fous.

D’où venait cet or?

Les scientifiques pensent que tout l’or naturel de la Terre est d’origine extraterrestre. Il faut une quantité massive d’énergie pour fabriquer de l’or et, pour cette raison, il ne peut être créé en laboratoire. Il ne peut se former dans l’espace que lorsque de très grosses étoiles explosent (on parle alors de « supernova »). Il y a des milliards d’années, lorsque la Terre était encore une jeune planète, elle a été frappée par des astéroïdes remplis d’or. Ces astéroïdes ont déposé l’or qu’elles contenaient dans les roches de la surface de la Terre.

Une grande quantité d’or s’est déposée dans la région qui sera connue sous le nom de Klondike au Yukon, au Canada. Le premier grand gisement d’or est souvent appelé le filon principal. Au fur et à mesure que les roches qui contenaient l’or ont été érodées par l’eau et la glaciation, l’or s’est fait emporter en aval vers les ruisseaux voisins. Au fil du temps, l’or a été enfoui sous des couches de sable et de boue, où il est resté jusqu’à sa découverte par des prospecteurs des milliers d’années plus tard.

La première grande découverte d’or au Yukon a eu lieu au ruisseau Rabbit, rebaptisé plus tard Bonanza. Cet or a été trouvé sur le lit du ruisseau peu profond, mais la plupart des autres gisements d’or se trouvaient bien plus loin sous la surface, parfois jusqu’à six mètres de profondeur, loin sous l’eau du ruisseau!  

Les chercheurs devaient creuser dans la boue, puis apporter des seaux de terre à la surface et effectuer un tri pour voir s’ils contenaient de l’or. Pour compliquer les choses, il y avait une couche de pergélisol, soit du sol gelé en permanence, qui va parfois jusqu’à plusieurs mètres de profondeur. Le pergélisol devait être dégelé par le soleil, la vapeur ou le feu avant que la recherche d’or comme telle soit possible.

Trois chercheurs d’or sous le ruisseau Eldorado, au Yukon. La vapeur transportée par les tuyaux sert à dégeler le sol.

Source : Cantwell, G. C. Thawing with Steam #16 Eldorado. Circa 1901. Adams, Larkin et Cantwell Collection. Archives du Yukon.

Trouver de l’or au Klondike était une question de chance : il fallait être au bon endroit au bon moment. Il était impossible de savoir avec certitude où se trouvait l’or. La seule option était de choisir un endroit et de commencer à creuser. Il n’y avait pas autant d’or dans le Klondike que dans les ruées vers l’or précédentes, comme celle de Californie, mais cet or était concentré dans une zone beaucoup plus petite. Les chercheurs avaient ainsi de meilleures chances de trouver de grandes quantités d’or au Klondike. L’or trouvé sous forme de poussière, de grains ou (avec de la chance) de grosses pépites pouvait être apporté directement à la banque.

Pépite d’or trouvée à l’origine par Skookum Jim, l’un des codécouvreurs de l’or au ruisseau Bonanza. 

Source : Fedoroff, V. 2017. Whitehorse Daily Star, « Golden pieces of history returned to the Yukon », https://www.whitehorsestar.com/News/golden-pieces-of-history-returned-to-the-yukon.

Certains chercheurs chanceux ont trouvé 500 000 $ (en dollars de 1869) en or au même endroit. C’est l’équivalent de plus de 15 millions de dollars aujourd’hui!

 
 
 

Mine d’or dans les champs aurifères du Klondike.

Source : Placer gold mining activity in the Klondike Gold Fields. Vers 1901. Fonds Adams & Larkin. Archives du Yukon.

Une place de placers

Il existe quatre grands types d’exploitations minières :

  1. Exploitation à ciel ouvert

  2. Exploitation souterraine

  3. Exploitation in situ

  4. Exploitation de placers

Les deux premiers consistent à creuser ou à forer le sol pour atteindre les gisements de minéraux cachés sous la surface de la Terre. L’exploitation minière in situ, quant à elle, consiste à injecter des produits chimiques dans la terre pour dissoudre un minéral, qui est ensuite extrait par pompage. Ce sont là tous des exemples d’exploitation de roches dures, où les minéraux sont extraits de roches dures.  

Le dernier type d’exploitation minière consiste à séparer les gisements de minéraux de la terre et de la boue qui se trouvent dans une rivière. C’est ce qu’on appelle l’exploitation de placers, et c’est cette technique qui a été utilisée pendant la ruée vers l’or du Klondike.

L’un des avantages de l’exploitation de placers est qu’elle ne nécessite pas beaucoup d’équipement coûteux, seulement quelques outils simples comme une batée ou un sluice, instruments utilisés pour séparer l’or de la boue et du gravier dans un cours d’eau. Un sluice est une boîte longue et étroite placée en pente dans une partie peu profonde d’un cours d’eau. La terre est versée dans la boîte et en sort par l’action de l’eau du ruisseau. Au fur et à mesure que passe la terre, les matériaux lourds comme l’or et les pierres sont séparés et piégés au fond de la boîte.

Trois chercheurs d’or travaillant au-dessus d’un sluice. L’eau se déverse dans la boîte et dans le ruisseau Bonanza.

Source : Sluicing Bonanza. Vers 1898-1901. Collection Ken Mawhinney. Archives du Yukon.

Pendant la ruée vers l’or du Klondike, les sluices étaient beaucoup plus efficaces que les batées, mais il fallait un bon débit d’eau pour qu’ils fonctionnent correctement. Les ruisseaux devaient dégeler au printemps avant qu’il soit possible d’utiliser des sluices. Pour cette raison, la plupart du creusage avait lieu en hiver. Le sol était dégelé par le feu, puis la terre était enlevée et déversée en un énorme tas filtré dans les sluices pendant l’été.  

Les chercheurs devaient attendre des mois avant de savoir si leur dur labeur pendant l’hiver porterait son fruit. Tout le temps passé dans les puits sombres et froids sous terre en avait-il valu la peine? C’était toujours un moment de suspense : il pouvait y avoir des fortunes entières d’or cachées dans les tas de terre.  

Chercheur d’or à l’intérieur d’un puits au ruisseau Eldorado, au Yukon. Il apporte une brouette pleine de terre à la surface.

Source : Cantwell, G. C. N° 16. Eldorado. Vers 1901. Collection Adams, Larkin et Cantwell. Archives du Yukon.

 
 
« Placer » est un mot espagnol qui désigne le sable ou le gravier déposé par l’eau qui coule dans un cours d’eau.