HISTOire
L’HÉRITAGE
La ruée vers l’or du Klondike est un événement emblématique de l’histoire du Canada connu partout dans le monde. Cet événement historique hors de l’ordinaire a mis un frein à la dépression aux États-Unis, a donné un moyen de s’enrichir rapidement et a montré aux États-Uniens tout le potentiel de l’Ouest sauvage. La ruée a également changé la perception du Nord, d’une terre glacée à une terre d’aventure et de prospérité. Elle a accéléré le développement du Yukon, qui aurait été beaucoup plus lent autrement. Si on n’y avait pas découvert d’or, les gens ne se seraient probablement pas précipités pour construire des villes dans cette partie du Canada.
Robert Service
La ruée vers l’or du Klondike s’est ancrée dans la culture nord-américaine et a fait l’objet de nombreux poèmes, livres, photos et même films. L’un des écrivains et poètes les plus connus ayant raconté la ruée vers l’or est Robert Service. Banquier, il a été envoyé au Yukon en 1904, où il a été tellement inspiré par les événements de la ruée vers l’or qu’il a commencé à écrire des poèmes sur le sujet. Ses deux poèmes les plus connus, The Shooting of Dan McGrew et The Cremation of Sam McGee, ont été acclamés pour leur description de la vie au Klondike.
Les mots de Robert Service ont influencé l’imaginaire collectif concernant Dawson City et la ruée vers l’or. Mais s’il y a peut-être une part de vérité dans ses poèmes, il est important de se rappeler que ce sont en fait des œuvres de fiction. Service est arrivé alors que la ruée vers l’or était déjà terminée et ne pouvait donc pas parler de son expérience personnelle. Son œuvre était un mélange de fabrication et de réalité. La ville de Dawson City dangereuse, où on peut tirer à tout va, qu’il a décrite n’a jamais existé, puisqu’il était en fait illégal d’y porter des armes à feu.
Les incidences sur les peuples autochtones
L’arrivée des prospecteurs au Yukon a été quelque peu bénéfique pour certains Autochtones qui étaient embauchés comme porteurs ou travailleurs journaliers et pouvaient leur vendre du poisson et de la viande. Mais dans l’ensemble, la ruée vers l’or du Klondike a eu de nombreux effets négatifs à long terme sur les peuples autochtones du Yukon.
L’un des plus grands changements apportés par la ruée vers l’or a été le déclin du commerce des fourrures. Les peuples autochtones avaient mainmise sur le commerce de la fourrure, car c’est eux qui fournissaient la plupart des fourrures. Mais une fois que la recherche de minerais est devenue la principale activité économique du Yukon, les Autochtones n’ont pas vraiment été autorisés à y participer, même si les codécouvreurs de l’or au ruisseau Bonanza étaient autochtones.
Malheureusement, de nombreux chercheurs d’or avaient des préjugés à l’égard des Autochtones et ne voulaient pas qu’ils participent aux activités de fouille. De ce fait, les Autochtones n’avaient aucune influence sur la manière dont les fouilles étaient menées, et ils ont donc été mis à l’écart alors que l’activité minière se développait autour d’eux.
La ruée vers l’or du Klondike a particulièrement touché les Tr’ondëk Hwëch’in, car Dawson City a été construite sur leur territoire traditionnel. Un camp de pêche traditionnel des Tr’ondëk Hwëch’in, connu sous le nom de Tr’ochëk, était situé juste au nord de Dawson City, à l’endroit où le fleuve Yukon et la rivière Klondike se rencontrent. Ce camp était très actif en été lorsque les Tr’ondëk Hwëch’in l’utilisaient pour attraper le saumon et chasser l’orignal.
Pendant la ruée vers l’or, alors que des milliers de nouveaux arrivants affluaient vers Dawson City, le chef Isaac, chef des Tr’ondëk Hwëch’in, a déplacé toute sa communauté vers le nord, à Moosehide. Il a négocié avec le gouvernement du Canada pour obtenir des terres afin d’y établir une réserve, de sorte que son peuple puisse se tenir à l’écart des chercheurs d’or qui perturbaient leur mode de vie traditionnel.
Il a vu l’influence que les nouveaux arrivants à Dawson City avaient sur son peuple et s’est inquiété de la perte de la culture Tr’ondëk Hwëch’in. Pour préserver une partie de l’héritage de son peuple, le chef Isaac a transmis la langue du groupe ainsi que bon nombre de ses chansons et de ses danses à un autre groupe de Premières Nations en Alaska, afin qu’un jour ils puissent remettre ces traditions aux Tr’ondëk Hwëch’in. Dans les années 1950, les Tr’ondëk Hwëch’in ont quitté Moosehide et sont revenus à Dawson City où ils ont commencé à demander aux peuples de l’Alaska de récupérer ces tranches de leur culture traditionnelle.
Étant donné les préjugés, la propagation des maladies et la perturbation de leur mode de vie traditionnel, la plupart des autres groupes de Premières Nations ont préféré éviter autant que possible les prospecteurs et autres personnes qui gravitaient autour. La ruée vers l’or est souvent considérée comme le début de la fin des modes de vie traditionnels des Autochtones, car de nombreux groupes ont été expulsés de leurs zones de chasse par l’augmentation des colons. Ils ont été déplacés dans des réserves protégées, beaucoup plus petites que leurs territoires traditionnels. Cependant, des années plus tard, de nombreuses Premières Nations du Yukon ont entamé le processus de récupération de leurs terres en négociant des droits fonciers avec le gouvernement du Canada.
Aujourd’hui, la plupart de ces Premières Nations sont autonomes et s’efforcent de protéger et de transmettre les connaissances de leur patrimoine traditionnel et de leur culture.
Les incidences sur l’environnement
L’arrivée de centaines de milliers de personnes dans la région a exercé sur les ressources naturelles du Yukon une pression qui dépassait de loin les effets du commerce des fourrures. Des tonnes d’arbres ont été abattus par les chercheurs d’or qui s’en sont servis comme bois de chauffage, pour la construction de logements et pour la construction de bateaux pendant leur voyage vers Dawson City. Autour de Dawson City, la forêt disparaissait un peu plus à chaque arbre coupé pour construire des maisons, des saloons, des salles de danse et autres bâtiments et servir de combustible dans les zones de fouilles afin de dégeler le sol où seront utilisés les sluices plus tard dans l’année.
Les prospecteurs ont également chassé la faune locale de manière excessive. Contrairement aux Autochtones, qui chassaient différents animaux à différentes périodes de l’année et qui veillaient toujours à préserver les populations, les chercheurs d’or n’avaient rien de tel à l’esprit et chassaient tout ce qu’ils pouvaient trouver. Comme les animaux ont commencé à disparaître, l’orignal et le caribou en particulier, les chasseurs autochtones ont dû se rendre plus loin pour chasser, souvent en dehors de leurs territoires de chasse traditionnels.
Les fouilles elles-mêmes ont également fortement modifié le paysage. Pendant l’été, les chercheurs d’or détournaient certaines parties des cours d’eau afin que l’eau s’écoule dans des sluices pour trier l’or. On formait ensuite des tas avec la terre et le sol qui passaient dans ces sluices. Les résidus ainsi formés ont également été produits à partir des dragues utilisées ultérieurement pour la recherche d’or. Les tas de résidus sont encore visibles aujourd’hui dans le Klondike. L’exploitation hydraulique a également laissé des traces. Les tuyaux à haute pression ont transformé les collines étant donné toute la terre et tout le gravier ainsi déplacés.
La pollution de l’eau est un autre problème résultant de la ruée vers l’or. Les eaux de ruissellement des lieux de fouille et de l’exploitation hydraulique dans les collines ainsi que les déchets humains et animaux se déversaient dans les rivières et les ruisseaux. La situation a nui aux plantes qui poussaient dans l’eau ainsi qu’aux poissons.