HISTOire

LES MISSIONNAIRES

Les peuples autochtones ont dû composer avec d’autres Euro-Américains que les commerçants de fourrures, les explorateurs et les scientifiques. À peu près au même moment où le commerce des fourrures se développait dans le Nord et où d’autres aventuriers commençaient à explorer la région, les premiers missionnaires sont également arrivés. Mais contrairement aux commerçants et aux explorateurs, qui n’ont pas essayé de modifier le mode de vie des Autochtones, les missionnaires se sont efforcés de changer leurs croyances et leurs comportements traditionnels.

Les premiers missionnaires

Au cours du XIXe siècle, l’Église anglicane et l’Église catholique romaine ont toutes deux envoyé des missionnaires dans le Nord, se livrant une course pour être la première sur place. Le révérend William West Kirkby de l’Église anglicane a fini par arriver le premier. Il est arrivé à Fort Yukon en 1861 en compagnie de commerçants de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Le père Séguin, qui avait été envoyé par l’Église catholique romaine, a également accompagné les commerçants de fourrures pendant un certain temps, mais ces derniers ne l’aimaient pas.

Kirkby ne s’est pas installé en permanence à Fort Yukon. Il n’y est en fait resté qu’une semaine, le temps qu’il fallait pour mettre en place une mission. L’année suivante, en 1862, l’ami de Kirkby, Robert McDonald, est arrivé pour travailler à la mission de façon permanente. McDonald a consacré beaucoup de temps et d’efforts pour tomber dans les bonnes grâces des Gwich’in locaux.  

Il a essayé d’apprendre leur langue et a même trouvé un moyen de l’écrire au moyen de l’alphabet latin. Il a traduit des parties de la Bible ainsi que de nombreux hymnes et prières afin que les Gwich’in puissent apprendre à les lire. C’était la première fois que la langue gwich’in était écrite, et les Gwich'in ont ainsi eu la chance d’apprendre à lire et à écrire leur propre langue. McDonald a respecté le mode de vie des Autochtones et a essayé d’intégrer le christianisme dans leur culture au lieu de les obliger à abandonner leurs propres valeurs.  

Les Autochtones se sont d’abord méfiés des missionnaires, mais beaucoup d’entre eux ont fini par s’engager dans l’Église chrétienne. Cependant, ils n’ont pas pour autant renoncé à leur vision traditionnelle du monde. Leur religion était profondément spirituelle : elle leur enseignait comment maintenir l’harmonie entre eux et avec le monde naturel et comment soigner les personnes malades. Le christianisme était muet à cet égard, et il a donc été facile de mélanger les deux religions.

En 1864, McDonald tombe malade de la grippe et doit quitter son poste. L’Église envoie William Carpenter Bompas pour le remplacer en 1865 jusqu’à ce que McDonald se rétablisse et soit en mesure de revenir. Bompas voulait rester dans le Nord et poursuivre son travail. Il a donc fini par faire la navette entre le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest pour répandre la parole chrétienne pendant les 40 années suivantes.

William Carpenter Bompas, aussi appelé évêque Bompas.

Source : Mockridge, C. H. 1896. William Carpenter Bompas. F.N.W. Brown, Toronto. 

 
Les missionnaires sont des membres de groupes religieux envoyés dans une certaine région pour propager leur foi et parfois pour fournir d’autres services comme l’éducation et les soins de santé.

Sa femme Charlotte et lui ont construit des écoles dans tout le Yukon, où ils ont enseigné la religion et les valeurs européennes aux Autochtones. La dernière école construite par Bompas l’a été dans la petite communauté de Carcross, au Yukon. Cette école est ensuite devenue le pensionnat indien de Chooutla, géré par l’Église anglicane de 1911 à 1969.

Les pensionnats

De la fin du XIXe siècle aux années 1990, plus de 150 000 enfants inuits, métis et de Premières Nations ont dû fréquenter les pensionnats indiens. Il s’agissait de pensionnats gérés par des Églises chrétiennes et financés par le gouvernement canadien. Les enfants ont été arrachés de force à leur famille et placés dans ces écoles.

Les enfants n’étaient pas autorisés à parler leur langue ou à pratiquer leur culture dans ces écoles, et étaient punis s’ils le faisaient. On leur a appris que la seule culture canadienne acceptable était la culture européenne « dominante » (la plus répandue). Les écoles étaient souvent surpeuplées et n’avaient pas assez d’argent pour fournir de la nourriture ou des vêtements aux enfants. Les maladies infectieuses comme la tuberculose s’y propageaient rapidement et ont fini par être fatales pour les enfants déjà affaiblis par la malnutrition. De nombreux enfants ont également été victimes de violences physiques, psychologiques et sexuelles.

Pensionnat indien Chooutla à Carcross, au Yukon.  

Source : Chooutla Indian Residential School, Carcross. Vers 1967-1968. Collection Edward Bullen. Archives du Yukon. 

Les pensionnats indiens ont eu de graves répercussions sur les enfants autochtones. Étant donné que les enfants ont été arrachés à leur famille et privés de leurs langues et traditions ancestrales, de nombreuses pratiques et croyances autochtones généralement transmises d’une génération à l’autre ont été perdues. Aujourd’hui, les communautés autochtones doivent toujours composer avec les traumatismes causés par les pensionnats.  

Il y a eu des pensionnats dans toutes les provinces et tous les territoires sauf au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard. Le dernier pensionnat a fermé ses portes en 1997. Les communautés religieuses ont commencé à s’excuser pour leur rôle dans le réseau de pensionnats à la fin des années 1980. En 2008, le gouvernement a créé la Commission de vérité et réconciliation afin de mettre au jour les répercussions à long terme des pensionnats. En 2015, la Commission a publié un rapport qui raconte l’histoire de survivants de pensionnats. Le rapport comprend également 94 appels à l’action destinés à améliorer les relations entre le gouvernement du Canada et les peuples autochtones.

 
« Carcross » était autrefois connue sous le nom de Caribou Crossing, jusqu’à ce que son nom soit raccourci à Carcross en 1904 après plusieurs erreurs postales avec le district régional de Cariboo en Colombie-Britannique. Aujourd’hui, les Premières Nations de Carcross-Tagish sont implantées à Carcross. Kate Carmack (Shaaw Tláa), Skookum Jim (Keish) et Dawson Charlie (K̲áa Goox̱), qui ont fait la grande découverte qui a mené à la ruée vers l’or du Klondike, étaient membres de la Première Nation Tagish.